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Au charbon avec André Gorz | Sylvain Monnier

Présentation de l’auteur

Sylvain Monnier est enseignant-chercheur en science politique à l’Ircom, sur le campus de Lyon.

Ses sujets de recherche portent sur la pensée écologiste et sur la sociologie de l’action publique.

Sa thèse de doctorat est consacrée à la question du maintien de l’ordre. 

Présentation de l’œuvre

Avons-nous oublié André Gorz, fondateur de l’écologie politique ? 50 ans après les débuts de ce courant de pensée, le co-fondateur du journal l’Obs nous livre une doctrine des plus actuelles. Sur la question du travail, tout d’abord, à propos de laquelle il aura anticipé les effets paradoxaux de l’automatisation croissante des tâches les plus répétitives et l’extension de la sphère marchande dans tous les aspects de la vie moderne. Sur la question de l’écologie, bien sûr, puisque Gorz déployait des notions décisives en matière d’écologie intégrale. Pour lui, il ne fallait pas seulement sauver la planète, mais aussi l’homme de ses propres errements.

Pourquoi ce sujet ?

À l’occasion du centième anniversaire de la naissance d’André Gorz (9 février 1923), cette courte biographie intellectuelle est l’occasion de (re)découvrir la vie et l’œuvre d‘un penseur alternatif. Inquiet des effets de l’invasion technologique et de la domination de l’exigence de rentabilité économique, il développe au fil de ses analyses le portrait glaçant des aliénations modernes : prise en charge intégrale de l’individu par les institutions, créations de besoins artificiels par le système marchand, médiation technique omniprésente.

Aux yeux de Gorz, c’est autour de la place prise par le travail dans les sociétés contemporaines que se joue la question de l’émancipation ou de l’aliénation de ses membres. Non seulement les formes qu’il a prises de nos jours mais surtout l’idée que l’on s’en fait ont produit des conséquences désastreuses tant pour l’homme que pour son environnement. Les développements de la société industrielle placent d’ailleurs le travail dans une situation paradoxale puisqu’elle en fait le centre de la vie sociale tout en organisant sa raréfaction par les effets de l’automatisation et de la mondialisation.

Il ne s’agit donc plus d’attendre du travail qu’il nous apporte l’épanouissement personnel, la prospérité collective, l’intégration sociale ou toute autre vertu dont on a cru qu’elles lui étaient spécifiques (la fameuse valeur travail). En réalité, pour Gorz, rien de tout cela n’est l’apanage du travail sous sa forme marchande. Il s’agit donc de changer notre imaginaire pour envisager la prospérité et l’épanouissement dans le cadre d’un monde qui valoriserait les activités en dehors de leur niveau de rentabilité. C’est à cette condition que Gorz voit poindre la possibilité d’une civilisation qui ne tendrait pas à soumettre l’intégralité de la vie humaine aux exigences économiques. Cette civilisation, respectueuse de l’environnement parce que respectueuse de l’homme, est l’objectif de l’éco-socialisme promu par Gorz. L’œuvre de Gorz a cette vertu de nous réveiller de notre sommeil dogmatique. Elle nous sort de nos rêves de croissance infinie, de puissance technique et de maîtrise de la nature. Elle est essentiellement une pensée du pas de côté, une pensée qui démasque les fausses évidences. 

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